mardi 22 septembre 2015

Puce du Canal ....

      Ce matin, on part dans cette ville arpenter les pavés, à la rencontre des camelots, au marché aux puces... Ça sent le carton mouillé, les vieux plastiques et les bouches pâteuses de la veille, qui ont trop bu... Ça remet ça, à la lampe de poche, entre deux cartons mous, une lampée de blanc rallume la flamme de la recherche de la perle rare. Les camionnettes dégueulent leur fatras glané ça et là. Ca passe de main en main avec un peu de crasse et quelques billets. On parle fort, ouvre grand les yeux de celui qui connaît pour pas sentir que l'enculage est pas loin, qu'on voit bien à la patine que c'est pas jeune, mais attention faut pas y toucher, ''c'est encore frais, je l'ais fait hier''... Ca put le bobo à mioches à trente mètres dans des cahutes en taule. La moindre chaise d’école, comme on en a cassé des dizaines en se balancent au fond des classes pour brisé l’ennuie, vaut ses trente euros car elle est devenue vintage la connerie, car elle a tout ses pieds et pas ressoudés, ni de gravure de bite ou anarchie fait à la pointe à compas... Elles ont de la gueule en tas de 10...

Les tatas à barbe structurée s'activent autour du design en plastique orange de la chaise invisible rayée de partout, l'objet en plexiglas qui ferait de leur appartement un lieu trop top pour dandiner son cul en s'extasiant devant une poire isotherme à glaçons qui donne le goût de plastique à ton martini tellement elle est d'époque...

On croise quelque minettes hype fouinant dans les manteaux de fourrure, à la calvitie imminente, qui gloussent en se transformant en playmobil vert, en essayant une robe tellement verte que seul la pétrochimie a osé créer cette couleur qu'aucun arbre ne voudrait... Elles sont tellement hype que l'on croirait un mode et travaux d'un carton humide juste à côté... qui fricote avec une caisse de vinyles convoités par quelques aspirant DJ boutonneux qui trouvent Dave tellement tendance ; qu'à l'époque, on en aurait pas voulu en frisbee de peur de choper la galle si on le touchait.. C'était juste bon à caler une armoire d'atelier, comme celle convoitée par une décoratrice d’intérieur sous le hangar des puces. A la voire, on se demande ce quelle décore... elle ou les appartement ? Car il y a autant de crépi sur sa gueule que de tas de laque poudrée dans la cuisine ou ira finir ses jours, la dite armoire d'atelier...


Fin crade, les doigts noirs comme après une prise d'empreinte, l'odeur de la cabane à andouillettes sous vide et frites congelées nous tire de notre rêverie. La chine, on ira plus tard ! Là, c'est le beaujolais... en pot ! Comme quoi rien se jette. On croirait que le bouchon s'est meublé avec tout ce que les mecs du dehors arrivent pas à vendre. On se croirait tout petit, chez la vieille tatie, avec sa table à rallonges en formica tellement pratique qu'elle en a écrasé des doigts avec sa facilité d'ouverture !...D'ailleurs, c 'est Tatie qui nous sert le pot et nous recadre... Hey, c est à elle qu'on demande pour poser notre cul sur une chaise ! Pas au mec du bar car c'est à elle la salle qui grouille de mioches à poussette. Leurs parents mangent des chiens chauds à peau de plastique rouge barbouillés de moutarde, enculant une demis baguette... et noyant  cela dans un Côte du Rhône, qui te tues un jean s'il a le malheur de le toucher d'une seul goutte... C'est la vraie vie ! A côté, y a les broques qui font la course à qui mieux mieux entre le Perno et Ricard. Certains tentent l'outsider du jour : Berger blanc...ça papote, pas comme frappés de surdité aigue collectivement, ça braille dans tous les sens, tellement que Tatie Murielle qu'a la salle à elle, leur dit de « fermer » leur « grande gueule un peu » qu'elle arrive même plus, elle, à engueuler ceux du bar qui servent pas assez vite les cafés, qu'elle a, d’ailleurs, oublié de leur commander...

On fini par avoir une table entre deux lesbiennes qu'ont gardé trop longtemps leur balai dans le cul qu'on arrive pas à leur décocher un sourire et une mioche qui fait tellement bien ses croches-pattes que deux tasses finissent par se suicider sur le carrelage, qu'est pas encore là sur la dalle de béton. La gamine en vient à se faire engueuler par la serveuse qui retient un « petite connasse » car la mère n'as pas encore réglé l’addition de son andouillette...de fille à frite au ketchup...

Ça grouille de monde mais moins que dans nos estomacs qui en ont marre de croire que les assiettes qui volent, c'est pour eux, et qui, finalement atterrissent toujours ailleurs... Finalement les carottes ont fini de fricoter avec les champignons dans le  jus de bourguignon et les goinfres d'avant ont laissé du pain, du coup, cool ! On aura de quoi calmer les grognons qui se cachent sous nos fringues...

C'est gras à souhait et, pour les vampires, on est blindé tellement il y a d'ail dans le gratin dauphinois. C'est à qui trouvera de quoi se désincruster les lambeaux de bœuf qui font des guirlandes entre les dents. Finalement, bien classe, on y colle les doigts. C'est plus efficace ! Même si, à côté, ça les enthousiasme moins de nous voir en pleine extraction toutes dents dehors...

Les broques se réchauffent au jaune en faisant du rentre dedans à la table d'à côté... à qui il filera un truc de son stand ou un chiot de sa chienne contre une petite visite en fin de repas... Là, Murielle gueule d'y foutre la paix à la gamine avec leurs conneries... Tellement dans le vrai qu'ils lui répondent : « tu crachais pas dessus, toi, avant ! Dis ! Quoi ! Hein, t'aimais plutôt ça... »... Comme une torpille qui aurait atterrie dans un étalage de tomates sur ses joues, elle grogne, évite en se barrant dans sa cuisine, une haie d'honneur de mains au cul qui lui rappellent qu'elle a beau être mamie, comme elle dit… elle fait aussi l’arrière boutique après le café calva... On a dû aller les chercher nous-mêmes, nos cafés...

On fait le fond des poches, propose de payer en nature à Murielle qu'en peut plus de ces montées hormonales post ménopause... Nous traite de branleurs en nous arrachant les quelques billets pour tout le gras qu'on a laissé partout sur la table... On se mouche dans les doigts et le reste dans les manches prêts à affronter le froid d'une fin de déballage de toutes les vies stockées dans les cartons ramollis qui vont retrouver leur hangar en attendant le semaine prochaine et le retour des morues et autres bobos du marché...


On reprend  la route, à pied, entre les cadavres calcinés des souvenirs définitivement perdus de la société consumériste... Ça galoche dur sur les trottoirs, tellement, que ça klaxonne qu'on pourrait penser aux divorcés qui aimeraient bien eux aussi avoir de la bave aux coin des lèvres et l'air niais... mais qui sont heureux quand même, qu'ils disent car Sarkozy il est parti... Nous aussi on se casse...

par Saint Molotov ...


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