Ce matin, on part dans cette ville arpenter les pavés, à la rencontre
des camelots, au marché aux puces... Ça sent le carton mouillé, les
vieux plastiques et les bouches pâteuses de la veille, qui ont trop
bu... Ça remet ça, à la lampe de poche, entre deux cartons mous, une
lampée de blanc rallume la flamme de la recherche de la perle rare. Les
camionnettes dégueulent leur fatras glané ça et là. Ca passe de main en
main avec un peu de crasse et quelques billets. On parle fort, ouvre
grand les yeux de celui qui connaît pour pas sentir que l'enculage est
pas loin, qu'on voit bien à la patine que c'est pas jeune, mais
attention faut pas y toucher, ''c'est encore frais, je l'ais fait
hier''... Ca put le bobo à mioches à trente mètres dans des cahutes en
taule. La moindre chaise d’école, comme on en a cassé des dizaines en se
balancent au fond des classes pour brisé l’ennuie, vaut ses trente
euros car elle est devenue vintage la connerie, car elle a tout ses
pieds et pas ressoudés, ni de gravure de bite ou anarchie fait à la
pointe à compas... Elles ont de la gueule en tas de 10...
Les tatas à barbe structurée s'activent autour du design en plastique
orange de la chaise invisible rayée de partout, l'objet en plexiglas qui
ferait de leur appartement un lieu trop top pour dandiner son cul en
s'extasiant devant une poire isotherme à glaçons qui donne le goût de
plastique à ton martini tellement elle est d'époque...
On croise quelque minettes hype fouinant dans les manteaux de fourrure, à
la calvitie imminente, qui gloussent en se transformant en playmobil
vert, en essayant une robe tellement verte que seul la pétrochimie a osé
créer cette couleur qu'aucun arbre ne voudrait... Elles sont tellement
hype que l'on croirait un mode et travaux d'un carton humide juste à
côté... qui fricote avec une caisse de vinyles convoités par quelques
aspirant DJ boutonneux qui trouvent Dave tellement tendance ; qu'à
l'époque, on en aurait pas voulu en frisbee de peur de choper la galle
si on le touchait.. C'était juste bon à caler une armoire d'atelier,
comme celle convoitée par une décoratrice d’intérieur sous le hangar des
puces. A la voire, on se demande ce quelle décore... elle ou les
appartement ? Car il y a autant de crépi sur sa gueule que de tas de
laque poudrée dans la cuisine ou ira finir ses jours, la dite armoire
d'atelier...
Fin crade, les doigts noirs comme après une prise d'empreinte, l'odeur
de la cabane à andouillettes sous vide et frites congelées nous tire de
notre rêverie. La chine, on ira plus tard ! Là, c'est le beaujolais...
en pot ! Comme quoi rien se jette. On croirait que le bouchon s'est
meublé avec tout ce que les mecs du dehors arrivent pas à vendre. On se
croirait tout petit, chez la vieille tatie, avec sa table à rallonges en
formica tellement pratique qu'elle en a écrasé des doigts avec sa
facilité d'ouverture !...D'ailleurs, c 'est Tatie qui nous sert le pot
et nous recadre... Hey, c est à elle qu'on demande pour poser notre cul
sur une chaise ! Pas au mec du bar car c'est à elle la salle qui
grouille de mioches à poussette. Leurs parents mangent des chiens chauds
à peau de plastique rouge barbouillés de moutarde, enculant une demis
baguette... et noyant cela dans un Côte du Rhône, qui te tues un jean
s'il a le malheur de le toucher d'une seul goutte... C'est la vraie
vie ! A côté, y a les broques qui font la course à qui mieux mieux entre
le Perno et Ricard. Certains tentent l'outsider du jour : Berger
blanc...ça papote, pas comme frappés de surdité aigue collectivement, ça
braille dans tous les sens, tellement que Tatie Murielle qu'a la salle à
elle, leur dit de « fermer » leur « grande gueule un peu » qu'elle
arrive même plus, elle, à engueuler ceux du bar qui servent pas assez
vite les cafés, qu'elle a, d’ailleurs, oublié de leur commander...
On fini par avoir une table entre deux lesbiennes qu'ont gardé trop
longtemps leur balai dans le cul qu'on arrive pas à leur décocher un
sourire et une mioche qui fait tellement bien ses croches-pattes que
deux tasses finissent par se suicider sur le carrelage, qu'est pas
encore là sur la dalle de béton. La gamine en vient à se faire engueuler
par la serveuse qui retient un « petite connasse » car la mère n'as pas
encore réglé l’addition de son andouillette...de fille à frite au
ketchup...
Ça grouille de monde mais moins que dans nos estomacs qui en ont marre
de croire que les assiettes qui volent, c'est pour eux, et qui,
finalement atterrissent toujours ailleurs... Finalement les carottes ont
fini de fricoter avec les champignons dans le jus de bourguignon et
les goinfres d'avant ont laissé du pain, du coup, cool ! On aura de quoi
calmer les grognons qui se cachent sous nos fringues...
C'est gras à souhait et, pour les vampires, on est blindé tellement il y
a d'ail dans le gratin dauphinois. C'est à qui trouvera de quoi se
désincruster les lambeaux de bœuf qui font des guirlandes entre les
dents. Finalement, bien classe, on y colle les doigts. C'est plus
efficace ! Même si, à côté, ça les enthousiasme moins de nous voir en
pleine extraction toutes dents dehors...
Les broques se réchauffent au jaune en faisant du rentre dedans à la
table d'à côté... à qui il filera un truc de son stand ou un chiot de sa
chienne contre une petite visite en fin de repas... Là, Murielle gueule
d'y foutre la paix à la gamine avec leurs conneries... Tellement dans
le vrai qu'ils lui répondent : « tu crachais pas dessus, toi, avant !
Dis ! Quoi ! Hein, t'aimais plutôt ça... »... Comme une torpille qui
aurait atterrie dans un étalage de tomates sur ses joues, elle grogne,
évite en se barrant dans sa cuisine, une haie d'honneur de mains au cul
qui lui rappellent qu'elle a beau être mamie, comme elle dit… elle fait
aussi l’arrière boutique après le café calva... On a dû aller les
chercher nous-mêmes, nos cafés...
On fait le fond des poches, propose de payer en nature à Murielle qu'en
peut plus de ces montées hormonales post ménopause... Nous traite de
branleurs en nous arrachant les quelques billets pour tout le gras qu'on
a laissé partout sur la table... On se mouche dans les doigts et le
reste dans les manches prêts à affronter le froid d'une fin de déballage
de toutes les vies stockées dans les cartons ramollis qui vont
retrouver leur hangar en attendant le semaine prochaine et le retour des
morues et autres bobos du marché...
On reprend la route, à pied, entre les cadavres calcinés des souvenirs
définitivement perdus de la société consumériste... Ça galoche dur sur
les trottoirs, tellement, que ça klaxonne qu'on pourrait penser aux
divorcés qui aimeraient bien eux aussi avoir de la bave aux coin des
lèvres et l'air niais... mais qui sont heureux quand même, qu'ils disent
car Sarkozy il est parti... Nous aussi on se casse...
par Saint Molotov ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire