sur la route ... le livre complet !



ON PREND LA ROUTE
De Saint Molotov




















Korova Art Cubby Hall

Plus que quelques jours, quelques heures... je le sens, le palpe du bout des doigts...
Sa consistance, la flexibilité des membres ; tout est si différent... et cette odeur... car il y a odeur... même goût semble t il. Tellement de sens en éveil … Tellement différent que dans ce que j'ai pu entendre, lire ou même me souvenir. Ne serait-ce que l'eau, la sensation de fraicheur, de vie intérieure ou même extérieure...

je reprends mes notes, observations des autres fois... Avec d'autant plus de rigueur et de recul, je prépare ce moment car je sais... Ce sera la dernière fois, l'ultime je le sens...

Et pourtant je crois me souvenir que malgré le temps consacré à méditer, y repenser, on oublie tout une fois là-bas... J’ai observé encore sans tout comprendre cette agitation... comme s'ils avaient, pour la plupart,
oublié le sens de l'expérience du pourquoi...


Encore quelque hésitation sur le comment et où... C'est la dernière fois, je le sais. Il n'y en aura pas d'autres après... peut être... non ! Tout cela, je l'ai essayé, compris, analysé, côtoyé... Que me reste-t il ? Tant de choses à comprendre, ressentir physiquement, vivre... puis assimiler et se détacher ; juste observer...



La première fois, fort des autres expériences dans l’ailleurs, j'avais ''pris en conséquence'', entre deux mondes, subtil et matériel, puissant et juste... J' ai appris beaucoup. Mais tant de temps pour s'en remettre après avoir travaillé dessus, analysé, compris tous les enjeux, les débouchés de tout, absolument tout ce que cela avait entrainé, modifié tout au très fond de moi...

Et le corps qui résisté à tant d'épreuves, poussé par les risques pris par le mental, a connu la douceur, la sensualité mais aussi le déchirement de l’âme dans la passion, l'apprentissage des émotions...
là, par moment brisé, anéanti, pour revivre en prenant le recul de l'existence de l'ici...


On devait se voir depuis longtemps, mettre tout en place... Il était là, enfin, je le ressentais. Cette lumière, cette vibration, c'était lui ! Enfin, ce serait elle, une fois le grand jour venu, l' ''ailleurs'' mis en place...

C'est la première division de l'atome unique qui fit ce que l'on est...



Chacun avait mûrement réfléchi, analysé le chemin parcouru dans les différentes expériences de l’ailleurs...l'évolution que cela avait apporté...l'élévation de la conscience globale et individuelle, la compréhension de la non maîtrise du ressenti pour laisser place à l'observation...

Les vibrations de ma membrane subtile se mirent à augmenter, comme l'intensité du blanc de ma lumière.
C’était doux et chaud. Curieusement impressionné au début... je me souviens de la première fois, de cette sensation de paix, de plénitude de l’âme...

Les autres fois, c’était si différent. On s'aidait mais chacun dans sa dimension, dissociés, sans être sûrs d’être entendus, compris. Incapables d'exprimer véritablement ce qu'il aurait fallu faire pour aider l'autre à réellement avancer dans les situations qu'il avait programmées lui-même et qu'il avait fini par oublier arrivé là-bas... On se sentait si loin...

D'un commun accord, on avait décidé que, cette fois-ci, sûrement pour la dernière, à ce niveau de l’ailleurs, on ferait l’expérience ensemble pour passer le dernier palier... Est-ce que ce serait plus facile ?... On avait peu de retour des autres...

































Le voyage... Ce grand saut dans l'inconnu... Cette fois-ci, départ de nuit après une journée de work. Rien de prévu. On part à l'arrache. 19H30, direction... la mer. Le 31-12, jour de l'an, en voiture avec france musique... Repas 13 ans d'âge. 13 ans que Youssef tient le kebab ; il l'a dit aux carreleurs qu'ont refait la boutique et qui viennent manger là ce soir pour faire un coucou tard ; ils bossent à fond...

Station Elf. On descend. C'est tenu par deux vieux qu'ont l'air de se fendre la gueule à faire le jour de l' an dans la station sur l'autoroute. On regarde la carte. Ce sera Ste Marie ! C'est symbolique, puis plus insolite que Barcelone. On essaye la dernière F1 dans la station ; super écran et siège baquet. Après quelques tours, M&M's pour tous. On gueule dans la station. On a fait le meilleur temps au tour... On est sorti de route, viré de chez Elf par les vieux. Trop de bruit pour eux...


On reprend la caisse... Putain, y a des feux d'artifices ! C'est l'heure ! On plante la bagnole sur une aire d'autoroute.
On monte se faire la bise sur le terre-plein,
pour voir le bouquet final avec fond de discussion sur le théâtre panique et Jodorowsky… M&M's, morts, trônent sur le siège arrière...

On remonte le caleçon trop vite ; c'est mouillé de pipi... On reprend la route. 1h30 et on voit la mer ! C'est Carmella du GPS qui l'a dit.


Ca discute à bâton rompu des séparations, de la vie. Ca mentalise !!! on arrête tout pour un condom. Lâcher-prise express... Déchiré ! On en reprend un... Ca fonctionne ! On pense à rien...


Radio classique nous sort, en pleine discussion jordorowskyenne, un super morceau mystique fabuleux... C'est l'arrivée ! La Camargue ! On stop la caisse. Le son à fond, toute vitre ouverte, on va sentir l'iode... Pouah !! C'est trop bon ! Le sel rentre dans les bronches.
Y a un vent de dingue ! La vie rentre en nous !..
On ramasse des plumeaux pour peindre on sait pas quoi... On monte de la boue dans la bagnole ; souvenir iodé de l'arrivée en Camargue...


Kitch à mort ! On arrive… Ste Marie est là, devant nous, comme un symbole vaudou. L' encre et le cœur blanc clignotent à l'entrée de la ville. Quelques restos ouverts comme des aquariums, avec des poissons qui gigotent dedans, avec leurs lumières qui clignotent... et des bulles dans les yeux des gens... On quitte les groles, on remonte le froc et on fonce sur la digue voir la mer prendre le sable dans la gueule... C'est fait ! Pantalon mouillé, écume plein les lèvres, on y est ! Le cul sur un bout de bois échoué, on contemple le monde là devant nous tout gris et lumineux. Ca bouge vite !
La lune troue le ciel comme un lampion éclaire le théâtre de la vie qui dort en faisant la fête... On pense à la vie et sans condom...
Elle est Longue la digue et mord les pieds mais on sait qu'on rêve pas.
On sent bien les cailloux et la vie en nous, c'est comme une procession de nuit, une procession d'illuminés partis voir la mer. Et si c'est vrai que les moustiques ça hiberne pas, ils doivent être en boîte ou couchés ; on les voit pas... Ils dorment peut-être dans les rayonnages de camping cars qui, en rang d'oignons, sagement, font la transition 2012-20113... On se casse voir dans les terres si y a plus de vie qu' à la mer... Les fraises Tagada sont mortes mais fricotent sur le siège arrière avec les M&M's.. Pas sûr mais on dirait des moustiques écrasés sur le par-brise... Une forteresse ! On se dit qu'on y trouvera de la vie. Arrivés, on dessine par terre. Vite, vite ! Envie de boire un verre... On fait un bon dans le pays. Le bar fait penser à un bar à potes en Afrique ou Amérique du sud avec sa grande vitre et son public de 30-40. Des bouteilles plein le bar. Des verres cassées au sol trônent dans les confettis et cotillons... Le demi à 2 euro. On se met la mine, inonde les caniveaux de pisse...
Tout le monde se connait. On nous paye un coup et tape la discussion…
On se dandine au milieu d'inconnus bourrés sur des merdes musicales. Ca rigole à fond. On pense à rien. On reprend une tournée avec du sirop. La bière est digne du lieu... Le patron en a marre de rendre la monnaie ; la dernière est pour lui et après « tout le monde dehors !' », qu'il se met à gueuler. Un client étourdi rentre avec sa moto dans le bar, souhaite bonne année et fait un burn au milieu des confettis avant de partir dans un vacarme de « encore une patron ! »...

Ca fait faim. On cherche un 4 étoiles pour manger notre pain aux graines et le chocolat de la station Elf. Trois marches font l'affaire. Le festin englouti, on refait les caniveaux et réfléchi à l hôtel… Où se poser ?... On suit les chevaux qui font la barrière de la route avec les poneys... Pas d'hotel. Un chemin. La voiture. La nuit, ça sera là ! Il caille. Faut se réchauffer alors ça se rapproche à droite, à gauche, explore les lieux, l'extérieur comme l’intérieur. C'est le panard !...

Ca glisse dans la boue, un lampion de bonheur au bout de la bite... Quelques heures de sommeil plus tard, le drap dans tous les sens, les habits mélangés, le corps cassé,
les gouttes sur les carreaux, on ouvre les hublots rouillés par la nuit...

On part voir nos potes, la crinière au vent. Ils regardent les montagnes blanches avec leurs machines qui font monter toujours plus haut… Il y a une peau de banane au milieu des roseaux, le petit déjeuner est fini. On reprend la route...


Il a un œil lumineux. Ça doit être le chef à sa table. Ça parle gros sous tout le temps, échange des tickets de chevaux qu'ils disent mais on voit pas les bêtes. Elles font le bord de la route… On le sait ; on a dormi avec...Thé, chocolat chaud, friand aux grattons, Pastis ! On aime pas la sonorité de Ricard ! Et une carafe ''Dune les Remparts premier cru''... On pisse dans des chiottes tout en carton. C'est fragile comme matin...
Il caille quand les gens navigue de la porte à dehors. Il y a un peu de Ikea partout dans le monde ...la c'est la plante du frigo...


Y a du Vaudou ici comme si ça venait des taureaux puis des encres des bateaux. Comme ci cette alchimie mystique venait de la cohabitation de la mer et des vaches...Le cœur avec son encre, c'est comme Erzulie la femme dans sa globalité sauvage et pleine d'Amour. Hier il y eut comme cette vision dans la nuit ressentie au plus profond... vécue pour de vrai ; du concret quoi... la nature...

On reprend la route suivant un moto à vive allure, qui nous stoppe devant un garde barrière. Ce sera sauvage ! La berge sauvage pour regagner l'autre rive. On monte à plein plein. Ça secoue, tire le câble du bac dans un vacarme... On accoste sur l'autre rive. Début de l' autre route... Continuité de la vie... On se gare au milieu des autres bagnoles mais plus propres et classes... On sort et monte visiter un hôtel...
Ça fait bordel pas cher. On regarde les chambres sans accueil, les lits sans vie, dépouillés, les draps au sol les serviettes en vrac… Ça sent encore les corps chauds… On croirait un hôtel de passe...
Envie de luxe, de confort, de douceur...
Ce sera pas le bordel ! On se casse, la rigolade aux lèvres. Ça y va dure, les allusions de la vie d'ici, dans cette serviette mouillée...

Trois étoiles, une végétation luxuriante, des poissons pas que rouges, du parfum agréable, des belles dents blanches et un vieux cul ferme à l'accueil… On grattouille les chattes qui sont lovées sur le bar... Ça ronronne dur... On visite les chambres... Avec ou sans terrasse ? Celle avec terrasse est trop luxueuse. On la veut ! On s'y voit déjà... Énorme piaule avec terrasse déco super cocooning. Là, à poil, le chauffage donne à fond. On se pose le cul dessus... puis oublie tout pour se réveiller 4h plus tard pour le bruit d'un bouchon de champagne... Il est passé pas loin, tout près de sa nudité qui trônait dans le salon, à la recherche de sa brosse a dents...
On essaye tous les plumards, la douche qui se démonte avec ces multi-jets. Des heures de buée et une odeur d'huile essentielle. Repus, on flâne dans les bains de soleil rock in chair... Ça domine la promenade comme une famille royale. On nous regarde monter sur le muret du toit de la terrasse. On trinque à la beauté des vagues qui nous entourent et des courbes de la vie qui effleurent nos doigts...

Des rangés de boites lumineuses éclairent la promenade remplie de papillons égarés. Le bruit des vagues nous porte vers la nuit...
On a rien vu de la vie du dehors mais on s'en fout ; on à vécu le moment éphémère du temps d'une bulle de champagne... Demain on verra la vie des souvenirs des boutiques accrochées au rues pavées de touristes... On est tiré de la douceur du lieu, de l'odeur des roses en plastique par celle de la faim...



On se casse , un dernier verre à dents rempli de bulles à la recherche de notre fin à nous. Comme la mer sur la jetée, on s écraserait bien sur une assiette de bouffe... Du sparadrap dans les mains pour les coupures du rasoir et les organes tiraillés par l'activité de la vie, on sait pas ce que fait le reste du monde ailleurs, je ne sais pas où... On a oublié de les consulter pour savoir…
Insouciants, on est là juste à ce moment là à savoir qu'on est bien en vie et pas à demi mort abasourdi par la réflexion du demain matin...

« il nous reste des hosties sous pochette alu » qu 'on a crié en buvant, alors profitons en en attendant demain... On a les doigts qui sentent le parfum de la vie ; toutes ces saveurs qui font que l'on aime se frotter à celle-ci sans se demander ce qu'elle nous réservera pour demain... Les bulles, ça disparaît même avec une petite cuillère dans le goulot, alors faut pas gâcher ! C'est ça qu'elle dit la vie ! Faut pas gâcher...alors nous on écoute bien la vie. Même si on a la cuillère dans le goulot, on gâche pas, pour de vrai, on boit tout !...
Y a des filets puis des rangées de pierres pour éviter que l' écume finisse dans nos verres à la place de la mousse du champagne, avec en plus, emportés par elle, les vieux de la promenade aux grands yeux de poissons rouges qui regardent passer leur vie...

Les pattes noires, on les a vue passer... Elles courent vite vite le long de la digue pour rentrer au chaud avec les autres chats de là où on dort avec les poissons rouges et les dents blanches... Les pattes noires, elles sentent bon les grattouilles et les ronrons des jours heureux...


La nuit nous pousse hors de la terrasse avec sa doudoune qui nous couvre du doux froid de la mer... On se vautre, retourne les lits de fleurs rouges et jaunes. On explore le fond des draps et la profondeur des édredons... On compte les gouttes de pluie de la douche par centaines, à l'odeur des vanilles de Madagascar, comme si on était là-bas. C'est moite. Des gouttes s’écrasent entre le cul et les vitres...

La télé marche que pour elle. On veut pas la contrarier alors on dort d'un œil et de l'autre, on regarde pas … Du coup ça marche longtemps. Elle est heureuse et nous aussi. On fait la course à celui qui fait le plus de bruit : on ronfle de côté et elle, elle crache la société en quadricolor... Nous on est en noir et blanc, des images plein la tête, poussés par les bulles...
Le matin finit par pousser les rideaux et ouvrir la porte fenêtre pour faire rentrer le cri des mouettes qui ont arrêté la télé et l'odeur du café au grand sourire de croissant nous sort du lit, collés au cul de la nuit... On est heureux de retrouver la terrasse.
Comme les rois du monde, on a l'impression que le loto c'est nous qui l'avons gagné...

On aimerait, juste une fois, conduire la voiture de nettoyage qui suit les trottoirs entre les crottes et les canettes, faire la course à celui qui fait le plus vite le tour de pâté de maisons le temps que le thé refroidisse et que les nuages du lait finissent par absorber les miettes des croissants...
On se dit aussi que, quand c'est dur, faut en profiter, que le bonheur est là et que faut pas attendre... C'est durex qui l'a dit... Et lui, il sait de quoi il parle...

On paye notre paradis où une nuit est une semaine de bonheur intemporel, où les chats tiennent la caisse, aux grosses plantes qui grimpent au mur...
On repart avec un bout de vrai papier qui atteste que l'on pourra être exigent avec St Pierre, que nous, on y est passé une fois dans la vrai vie, au paradis...

On remplit de sable la bagnole, les oreilles et toutes les dents de devant, contents d'avoir rencontré le vent sur la plage, une dernière fois, avant de rentrer. On mouille les extrémités des habits, on remplit de souvenirs d'eau de mer du moment, une bouteille de montagne en plastique...

On retrouve l'eau dans une coquille st jaques, s'y lave les doigts sous le regard de Jésus qui essaye, bien cloué sur sa croix, de pas glisser du mur...
Il fait froid dans sa maison alors tout le monde y met des bougies pour qu'il ait chaud car, en plus, il est habillé léger dans sa grande maison où qu' il fait pas chaud rien qu'à le voir...

On le quitte, attirés par l'envie d'un café, qu'on finit par pas trouver car y a trop de vent...


Sur la route on repense à toutes les boites que l'on a vues dans la grande maison à jésus, où il stocke des bouts des gens qui ont bossé pour lui, il y a longtemps. Il leur a payé des boites en or ou des demis-bras en argent pour y mettre leur vrai phalange dans du velours, avec leur nom d'écrit dessus, dans le temps où on tuait les oies pour ça...




























L'essai, par le biais d'un véhicule corporel temporaire, avait été concluant. Il n'y avait pas eu à se rechercher l'un l'autre. On avait été sciemment mis au contact l'un de l'autre juste pour voir la compatibilité dans le physique. C'est sûrement ce qui serait le plus dur dans la situation à venir. Là, c’était la perception des sensations de la sensualité...

Une espèce de porte vers l’insouciance de la matière et la plénitude dans l'instant présent, hors de toute contrainte, dans un total lâcher prise sans passé ni futur … juste propulsés pour vivre une durée qu'on ne peut maîtriser...

Je le sens. On va être à nouveau mis en immersion dans le monde physique. Le temps des analyses, de la réflexion viendra plus tard...




Je perds pied. Mon esprit se déconnecte. Cela devient palpable. Je suis dans ce corps... Je crois que c'est fait... Oui, c'est en marche. Une dernière immersion avant le grand saut, l'expérience complète avec ses doutes, ses recherches et sans être sûr d'avoir le contact avec la source...










C'est humide ! Ça suinte de partout ! On s'en doutait après tout, vu l’époque ; c'est pas celle des coups de soleil... Mais là, c'est humide jusque dans la boite en fer, sans chauffeur, qui nous cahute jusqu'à l'aéroport... où l'on réalise tout ce que veut dire low cost. On est parqué loin des autres qu'ont des thunes, qui mangeront du Sodexo dans l'avion avec des hôtesses en silicone... Ici, ça sort de partout des bouts de pain dans de l'alu. Ça mâchouille longuement en parlant la bouche pleine...C'est pas du tourisme mais du retour au pays ou des jeunes qui savent pas où aller poser leur ennui... et a qui y restait quatre sous pour un bout d'avion charter... On prend des longs tunnels de bâches qui nous éloignent de plus en plus de la rêverie de l’aéroport pour celle plus raide qui ressemble, en moins dur, aux camps de réfugiés avec ces portiques à métaux, ces boites en plastique et ces chaussures qui naviguent. On est tripotés au corps par des gants bleus à faux cheveux blonds. Le sourire est pas de mise. On pourrait être de dangereux terroristes alors on nous montre les dents... mais pas pour sourire...
On s'y croirait déjà. Tout le monde parle pas français. Ça parle vite. Ça baragouine en plein de langues de pas d'ici, même à l'accueil... On écrase les sacs dans le calibre pour voir où qu'ils ira : avec nous ou puni, dans la soute avec 50 euro de supplément qui crame nos prochaines vacances en avion avec Easyjet... La chance est avec nous ! On pourra repartir sans exploser le budget nouilles... Les sacs passent... La porte poussée, c'est l'URSS ! Des grands cars bondés déversent leur flot de pèlerins prêts à monter l’escabeau de métal qui les fera grimper au 7ème ciel... Ça se bouscule, gueule, écrase les valises et les pieds à qui mieux mieux car faut faire vite et on a déjà perdu du temps aux valises avec des vieux qui voulaient pas comprendre que même quand t'est gros c'est une seule valise... oui même si toi aussi tu veux emporter 4 culottes qui valent 16 strings de la petite jeune en slim...bah, dans ta valise, ça rentre pas et, même si on compatit, on y peut rien et ça fait chier tout le monde ces explications et perdre du temps à Easy qui chronomètre tout pour être pas cher...
On cale les jambes à droite, à gauche, entre les sacs. On regarde les stewards faire les pitres avec les masques à oxygène et les gilets qui te sauveraient même pas si tu t’écrasais en avion dans ta baignoire pleine de mousse... Ils continuent leur numéro en proposant des sodas que t'économises 1,5euro par deux et 15euro par 20 mais tu pourras pas tout boire... Puis c'est le tour des parfums et produits de luxe pour RMIstes. Ici, la bouteille de champagne fait 25CL... Les chemises orange de la DDE de l'aviation font maintenant le va-et-viens avec des sacs poubelles pour récupérer les restes de canettes et de loterie easy cash...
On s'endort, le coup tordu, calés les uns contre les autres mais surtout les autres contre nous, avec leur putain de marmaille qui braille comme si on les écrasait nous !... Ça fouille dans les bagages du dessus de nos têtes, fait tomber du bordel, des miettes de reste de quatre heures.. On finit par s’endormir, la tête dans un décolleté généreux, les yeux pleins de rêves... La bave au lèvres, on se réveille, dur de partout...  
Atterrissage ! On nous repousse de la main. Faut s'extraire de là ! On reprend nos sacs embrumés par la promo stella du moment... Les bulles remontes comme pour nous dirent « bienvenu à Lisbonne »... C'est la nuit noire de noire et humide. On s'engouffre dans le métro avec une horde de japonnais qui se prennent pour des oursons. Ont tous des bonnets avec des oreilles de ces bestioles là... A croire que chez eux les modes changent pas entre 3 et 23 ans...

On se cale au chaud contre les banquettes en skaï style RATP des années 80 qu'on aimait tant faire à franges... Un flot de paroles se pose devant nous comme l'incarnation d'un croisement entre une punkette et une chamane du paléolithique...en plus d'hypnotiser son copain elle fait de même avec nous, nous saoule du flot de ses paroles. On en rate notre station ; ce qui l’arrête même pas, elle...


Ses clés d'appartement accrochées aux oreilles, on n’hésite pas, on préfère dormir ailleurs surtout qu'elle a dû déchiré tout ses habits pour se les mètre dans ses dreads et a sûrement, chez elle, un grizzli car, à la vue de sa veste en jean, ça peut pas être un humain pour la déchirer ainsi...

On s'extrait du wagon en faisant la course dans les escalators qui sont partis se coucher avec les autres passagers du métro... A faire les cons, on y laisse un fond de valise à roulettes, toute neuve, de chez Emmaüs! Les boules ! Son premier voyage et elle nous lâche à la première connerie ! Salope! On la remportera plus en voyage...

Depuis deux heures, on s’essaye à joindre notre contact sur place... pour pas être a la rue cette nuit alors qu'on a déjà craché les thunes... pour être au chaud, dorlotés par la douche... A la suite des drings, une douce voie nous dit in english que ça sera pas elle mais no problem ! Tout cool !
Il y aura quelqu'un en sortie de métro, juste pour nous. On se dit qu'elle doit ressembler à ceci ou cela. Ça y va de la petite grosse à tous les délires possibles... 

En haut des marches, bah, c'est tout autre que ça... Un brin de sourire timide engoncé dans le froid de son manteau gris, un badge autour du coup, intimidée, bafouille quelques mots en anglais puis, devant nos yeux de merlans frits, rougie, se mord la lèvre... et balance quelques mots en français hasardeux mais plein d’innocence... Devant nos dents blanches, elle sort les siennes et tout le monde se dessert le cul !... On marche sage, en file d'indien décimés par les sudistes que dans le noir on nous voit presque pas par rapport aux hordes de SDF en couvertures, qui jonchent les abords de la gare... Ses après ski mènent le pas. Elle monte des ruelles. Des escaliers nous regardent, l’œil intrigué, sachant pas trop ce qui peu bien nous intéresser, par rapport à tous les autres touristes...
Dans les ruelles au carrelage en façade décrépie, aux échafaudages vieux comme la ville, emballé de bâche plastique, le quartier nous ouvre ses portes. On y croise, en vitrine, comme des télés d'où l'on distingue au loin, à l'écran, la barbaque de pour demain, qui nous fait « coucou comme je suis bonne » pour qu'on en rêve toute la nuit avant de se la taper rissolée demain aux petits oignons...

C'est la confusion dans son cerveau... Les clés se paument dans ses doigts qu'elle sait plus laquelle va dans le trou de chez nous... On sourit, polis, mais tout emmerdés à l'idée, si près du but, de dormir dehors... Dans un soulagement collectif, la porte s'ouvre, les yeux aussi... C'est trop la classe comme si on avait gagné au loto mais encore mieux ! A l’euro-million... Les billets sortent de partout partout. Tape dans la main, on reste là, on veut nul part ailleurs !

Ok, c'est improbable de décrépitude, de vétusté le quartier, qu'on finirait calcinés s'il y avait le feu tellement c'est des rues qu'on croirait des chemins pour les ânes !
Que les pompiers, même avec un gros extincteur, ils auraient du mal à se faufiler dans les ruelles casse gueule, sans parler de l'escalier raide comme l’Everest qui monte jusqu’à notre grenier de duplexe pour petit nain, avec trouée de toit pour esprit de géant...
Elle nous signe tous les papiers avec ses petites mains aux yeux écarquillés qui sont heureux d'avoir rempli leur job du soir que c’était pas gagné, qu'elle nous dit qu'elle repassera, à la fin, voir si on lui a pas dézingué son perchoir et, du même coup, son gagne pain...
Ça explore tout, de fond en comble, s'extasie devant le frigo, se roule dans les canapés et part en couille à la vue du plumard, grand pour cinq et moelleux comme t'arrives pas le matin à t'en extirper...
si bien que, les dents crades, on s'y assoupie... Il nous a eu en traître... Ça dort de partout, du cerveau à la tête...
La bite collée au fond du caleçon, un œil s’arque-boute pour se connecter au cerveau. Les pas nous poussent sur la terrasse où les chaussettes jouent les serpillières en guise de réveille matin...Inconscients et pleins d'extase devant le paysage, on finit ébahis, par poser notre cul sur les chaises mouillées, les bras vautrés dans les flaques sur la table. C'est magnifique ! Quelle putain de vue !... Un espèce de chaos post tremblement de terre avec reprise des travaux puis arrêt sur image décrépitude... Rayons de soleil sur un oranger qui survie dans un immeuble écroulé... Ça donne envie d'en presser une pour partir en éclaireur dans la douche, voir si on y retrouverait pas notre cerveau.....
C'est pas dans la buée de la cabine qu'on le retrouvera...mais il y a des vallées et des montagnes que nos mains caressent avec plaisir, qui nous font oublier nos recherches pour nous consacrer à d'autres choses plus profondes...
D'absence en absence, la faim et les 13H tapantes nous mettent dehors, ravis de la vie ici bas...

On se glisse, comme des couleuvres affamées, jusqu’à un petit resto prolo où les maçons poussiéreux côtoient, au bar, attablés devant leur assiette, les plâtriers au teint pâle comme leur cul... Le sang du christ coule à flot par pichet d'un litre pour redonner de la vie et de l'espoir à cette classe qui n'en a plus depuis longtemps... Réaliste sur son sort et sachant que, pas plus ce rouge là que celui de Lénine ne pourra quelque chose pour elle... Résignés, ils font honneur à la grosse cuisinière qui, depuis tout petite, est aussi généreuse avec eux qu'avec ses rondeurs... Le teint jovial, elle les regarde vider leur assiette de tentacule empatatée.
Il y a du camouflage aux joues rouges qui rentre, les gradés de la caserne d'à côté ont déserté la cantine, fatigués du menu de la veille identique à celui de l'avant vieille.
Résignés, ils sont venus noyer leur chagrin dans les pichets d'un litre compris dans le menu pour maçons, avec le gâteau de riz qui finit de faire une chape perméable à toute fringale.
on a du taf avec toutes ces ruelles à explorer alors, nous aussi, on se tape le menu pour maçons mais version apprentis : demi pichet pour nous ; on est pas encore bien croyants...
On ressort, rafraîchis par les gouttes de pluie d'une averse bienvenue pour nous réveiller du midi. Cherchant l'abri, on pousse la porte de chez dieu qui nous demande trois euro pour rentrer ! On refuse de payer pour prier ! On retourne sous la pluie...généreuse, qui nous offre un parapluie désarticulé par le vent, mais aux couleurs réconfortantes, qui finit par s'écraser contre un mur façon street art...



Un village de bâches plastiques s'est dressé sur les pentes d'une place où toute la misère essaye de vendre ses souvenirs, de grappiller quelques pièces de carreaux de mosaïque arrachés aux mur sde la ville ça et là,.. de vivre quoi, avec ce qu'ils peuvent, d'amas de livres humides qui se collent les uns aux autres, en essayant de joindre les téléphones portables, en tas, plus loin, eux aussi sous bâche... On y trouve l'impossible ou l'improbable avec son lot d'africains qui, comme partout dans le monde, y vend sa verroterie. Simple retour à l'envoyeur.
On parcoure, en trébuchant, les pavées usées par les va-et-viens de la vie des gens. La pluie nous fait entrer dans un trou de mur comme il y en a tant, que l'on croit rentrer chez les gens... C'est le début de chez eux. On y voie une collection de bondieuserie, de vierges à taux variable. Comme elle est violette foncée, c'est signe de pluie pour la semaine. Elle fait donc seulement 32 euro mais, par beau temps, quand elle est rose claire, elle culmine à 54 euro.

Partout dans la ville, les échafaudages de consolidation emmaillotent les immeubles de toit de taules, comme si les habitants étaient dans des boites a sardines multicolores, peuplent la ville à moitié écroulée, de ses vieilleries qui ne veulent pas crever...C'est pas des verrues dans le paysage, mais plutôt des marques pages de l'histoire qu'on oublie pas où l'on est car on sait pas bien où l'on va, dans une espèce de bouillie universelle de si on te bande les yeux pour te les ouvrir n'importe où dans une ville, t 'es perdu !...
Le café vaut 60 centimes...qu'on arrête pas d'en prendre pour essayer d'en trouver un qui laisse un goût dans la bouche quand on se galoche...Les yeux guettent de partout, à la recherche, pas de celui qui passe, mais d'un endroit où pisser, où déverser le trop plein de café sans verre d'eau...


Un trou dans une place avec des marches qu'on descend sans se presser pour pas glisser puis, sachant pas si on est chez les filles ou pas, qu'on tombe au milieu des fleurs entre les pissotières.. gênés de sortir sa bite devant le sourire édenté de la mamie dame pipi qu'on finit par aller ouvrir la porte de la grosse commission et faire le bruit de la pluie qui tombe... Les pièces tintent dans le bol au même rythme que le sourire grandit...On en ressort heureux d'avoir fait deux heureux en pissant tout seul.
Doit y avoir une usine qui fabrique de la taule ondulée que tout le monde en veut... Il y en a partout sur les toits de tout, partout, de la ruine au musée. C'est le truc à la mode !... Du coup ce qui pourrait être moribond comme la cabane en taule aux gros tuyaux qui dégueulent de partout en face d'où qu'on dort...bah elle est méga belle, toute rouillée et brinquebalante, avec notre œil de touriste...


Ça sonne dans l’église où des boites en fer, faux bras et vrais os s’agglutinent de partout au milieu des anges en bois nourris aux gros seins des vierges qu'on aimerait bien en faire notre quatre heures. Jésus fait son crâneur devant les filles à être toujours en espèce de caleçon pour montrer ses abdos. Vrai, il abuse à faire son malheureux et faire pleurer les filles à remplir des bénitier...
On s'y recolle ! Café !
De partout, les filles voudraient nous faire croire qu'on est pas pareil, qu'elles ont jamais froid à leur guibolles, c'est métabolique... Alors elles font style, même en hiver, à se trimbaler en gros manteau et micro short. Comme si on pouvait croire qu'un collant ça tient chaud comme un froc !... Que si c'était vrai, tout le monde se baladerait en dupons de nemours... C'est comme les mecs qui portent des lunettes de soleil toute l'année, soit disant pour la luminosité qu'on voudrait bien les croire. ..
mais comme nos parents ont pris l'option cerveau, on peut que les prendre pour ce qu'ils sont...des branleurs !...
Fait pas chaud... qu'on se collerait bien à poil au lit... qu'on finit sous la douche car on a trop transpiré a se réchauffer au plumard... La nuit profonde coule sur les murs des ruelles des maisons. On sort de la nôtre, évitant le regard des vieilles voisines outrées par l'avant douche et qui, même dans une autre langue, laisse sans équivoque ; à sous entendre qu'on faisait pas des travaux la haut et qu'on s'extasiait pas devant la Joconde mais plutôt devant la lune...
Sans compter les pavées, on se retrouve assis à l’église ; seul endroit gratuit ou s’asseoir à l'abri de la pluie, tranquillement. Finalement on préfère payer car il caille et tout le monde tire la gueule là dedans.... En longeant les murs, on se heurte à un gang de vieilles qui s’extasient, comme des adolescentes en chaleur, devant des rouleaux de fils dorés pour cadres à bondieuserie... A croire qu'ils sont tous là, comme s'ils nous poursuivaient.
Après avoir fuit le gang des vieilles qui essayaient de faire oublier à Jésus toutes les saloperies qu'elles ont fait, en lui offrant des babioles faites par leurs petites mains pieuses, on tombe nez à nez avec une boutique spécialisée dans les saints en plastique ; pas genre sex shop tout latex et gonflable...sûr ! NON ! Même s'il y en a aussi dans le quartier, là c'est plutôt robe longue et jérémiades...même si on dirait bien qu'y en a une ou deux qu'ont le regard coquin quand elles nous reluquent de derrière la vitre, comme si elles avaient, avant cette vie là, bosser à Amsterdam...

C'est l'attraction. On croirait que c'est la dame du cirque Gruss qui nous a envoyés faire les courses à l'épicerie de la ruelle, tout au fond, après la deuxième baraque écroulée, tu tournes jusqu’à l'échafaudage, t'as la place avec les toxes... bah là, il y a l' épicerie... Les gens comprennent rien à ce qu'on raconte...

qu'on finit par tous rigoler fort fort et repartir avec ce qu'on voulait quand même, plus d'autres merdes..!
On se dit qu'avec des belles dents comme ça, même avec du persil dedans, bah ça y fait quand t'es perdu, pour retrouve ton chemin...mais pas toujours !... Là, on est vraiment perdu, pour de vrai ! Même qu'on sait plus dans quel pays on est... Y a plein d'entrepôts, boutiques de fringues en gros, de bouffe et autres chinoiseries. Les trottoirs bouchonnent de diables encartonnés, comme partout dans le monde, sur ces trottoirs-là...
Le poste grésille la merde locale à haut débit... On roule à vive allure, à la recherche du lieu underground de la ville. Le taxi pète un boulon, râle, marmonne dans sa barbe, des trucs improbables, mais super vénère...ouaihé ouia, on sait pas où c'est, nous, le lieu ! D’ailleurs, lui non plus car à chaque arrêt, on lui dit « non c'est pas ça ! »...qu'il finit par nous demander un biffeton de 20 et nous gerbe là !... sur le trottoir comme des putes après une passe dans sa bagnole... 
En plus, c'est pas le lieu super underground ! Ca ressemble plus à un parking de super marché qu'à une friche d'artistes... On finit par y aller quand même...se prendre un pack artistique de survie...des bières et des chips...
On fait les boutiques d'antiquaires et autres trucs que la grand-mère de notre grand-mère avait collé au fond du grenier pour qu'on les oublie... Et, finalement, malgré ses efforts, c'est ressorti ! Alors comme c'est un peu à nous, on essaye de voir si on les reconnaît pas ces bibelots, pour traiter le mec de voleur et lui demander 3 sous, sinon on porte plainte pour vol...car, putain, c'est à nous tout ça !... Ça marche pas, ni dans la première ni dans les 3 suivantes. A croire qu'ils se sont passés le mot... on se fait foutre dehors à grand fracas avec volée d'insultes. Faudra trouver autre chose pour payer le repas de midi.
Faut croire que c'est lié à la position de la lune et des étoiles...
Excitations ! Ça jaillit dans le corps et pas que le matin au réveille. Ça tient à pas grand chose, pas que les astres... Une bosse dans le jean, un début de sein, un cul qui se dresse et le reste s’érige comme un drapeau de départ de rallye...
Le calme revenu, on repart arpenter les ruelles mouillées. Ça monte, ça monte, comme deux ados qui se disputent un accès Facebook. On l'a encore constaté y a pas long ; même si l'adolescence est loin, ça rend toujours aussi con la dépendance à ses amis de l'ordi que tu connais pas, d’ailleurs, et que sûrement, même en vrai, tu les trouverais débiles... comme les ''j' aime'' devant la moindre merde, posée sur un mur, serait du street art...
Les appareils crépitent de partout. Ça flashe les tags, les murs décrépies, les conneries des uns et des autres, les vieilles en blouse qui gardent les poissons morts de leur étalage, à l’œil vitreux... C'est trop beau qu'on en dégueule. Ça sent là crise de foie d'indigestion de vierges et saints larmoyants...
qu'on se réfugie pour manger un palmier géant trempé dans un titanesque café au lait... On se croirait gargantua. Fallait bien ça pour se réconcilier avec le pays et son stock de barbies priant...
On continue l'exploration des recoins pour tomber sur un vieux tatoueur (mode carcéral) qui pique en vitrine. Impossible, malgré nos sourires appuyés, d'engager la conversation. Têtus, on pousse la porte... C'est pas mieux ! On ressort pour rentrer dans le shop d'à côté, en mode Métal... Les gadgets à clous côtoient les pères noël à grosse verge percée... Ça rigole deux minutes mais Satan nous met dehors. La clientèle veux souffrir en silence... Bouddha nous ouvre ses portes en grand. Devant nos yeux ébahis par ses colliers 108 perles, il tente de nous hypnotiser avec un bol en faisant de la musique avec une cuillère. Tout ça pour qu'on lui achète du yack !A croire qu'on ressemble à des bobos à la recherche de leur chemin !... On se barre. Nous on sait où on va... enfin si on retrouve la carte ... On reprend notre chemin perdu...
Ici les pigeons sont vraiment beaux et gras que ça donne envie de trouver des petits pois pour mettre avec...
La nuit à été dur, enfin le matin est tard surtout... On peu pas dire que le bon matin se serait bousculé à la lourde, ou que le grille pain ait débité de bonheur ses demies brioches... C'est plutôt : reste scotché au lit la bouche pâteuse à essayer  de compter les cloches de l’église pour voir s'il est si tard que cela....Il est si tard que cela ! C'est pas pour autant que ça a été la bousculade... La recherche de la journée sur internet fit perdre définitivement la mâtinée... Le ventre vide, les dents engourdies, on se dirige vers le placard qui, après première vue, ressemble de très prés au frigidaire... Sont aussi affamés  !... Merde ! On sais pas qui, du frigo, a bouffé le placard ou... Pas possible ! On aurait déjà tout bouffé !.. Faudra consulter un endocrinologue... On doit avoir un ténia !...



C'est détrempé mais le soleil brille sur le bitume mouillé de la boulangerie... On gratte nos fonds de poches pour une viennoiserie de la vieille. On escalade un bord de mur, passe une grille tranquillement, on mastique nos croissants rassis... Au soleil, les tétons pointent, fait pas chaud quand même... Ça donne envie mais pas moyen ! C'est trop étroit pour un exploit en extérieur... Ça crache des miettes partout à rigoler fort de la connerie. Ça manque d'étouffer. Faudrait un petit café... On sait où on veut le siroter. On l'a vu dans les brochures des chiottes de plein de rades et même écrabouillé dans un caniveau, la pub... C'est l'endroit du moment ! La cantoche végétarienne à l’ambiance post industrielle de par là !...
peut-être que même, on arrivera que ça sera pas encore fermé car les viennoiseries sont déjà oubliées... parties au WC. Ça a pas l'air loin sur la carte ; vraiment pas... quoi, moins de...euh... 1H30 qu'on marche... On espère qu'ils mangent tard ou qu'il y aura au moins des restes... ou... trop les boules... 
On serait vraiment pas loin mais c'est pas là non plus. Enfin si juste après le pâté d'immeubles... Y a des jours où on regrette l’URSS... Putain, c'est no place pour nous ; on y reçoit un échange d'entrepreneurs... Malgré qu'on ait réussi à rentrer sans badge, on nous sert pas et même mieux, nous convie hors de la cantine... Même en essayant de leur tirer une larme style resto du coeur... Ils s'en foutent total ; appellent la sécurité avec le sourire... Putain, on a marché deux heure pour ça !...
Avec nos gueules d'anges, on a quand même touché les bobos de là-bas qui nous indiquent un lieu juste pas loin de la cantoche de l usine... la conserverie...
Avec sa cour, ses grandes tables et sa déco vintage ultra dans l'air du temps... qui est pas terrible car survolée par le couloir aérien juste au dessus... On hésite entre c'est un crachin ou du kerozen balancé des avions... mais peu importe, c'est vegan food alors c'est bon pour notre corps...
qu'en peut plus d'avoir les dents qui poussent qu'il mangerait une vache toute crue... enfin un steak de tofu tout cru... C'est tendance jusqu'au sourire percé de la serveuse qui se demande d'où décolle tout ce petit monde... Ça sent les yeux scanner. On sourit comme si on était à poil devant un examen médical... Ça sera menu du jour ! Tout est bon avec cette impression de campagne à la ville des années passées à l'usine. Il y as des des belles dents blanches de partout, des mains douces, des habits délicats qui, eux, n'ont jamais connu le temps de l'avant friche post industrielle... Ce qui, d’ailleurs, est plus sympathique a reluquer que des vieilles en blouses à carreaux, aux doigts rappés et édentées...
On s'y perd dans la pose café. Les yeux hagards flânent dans les couloirs des coworking et autres open spaces... Ça suit les culs du regard, qui se perdent dans les coussins des gros canapés de fumoirs... On s'y pose aussi pour glander cinq minutes, avoir l’impression, nous aussi, de bosser là, d’être un bobo workaolite...
On se love dans les fauteuils rétro dépareillés pur style Emmaüs du coin, on se pourlèche les lèvres de petits gâteaux et se fait dévorés des yeux par le fauteuil d'en face... Ça se gatte... On aurait dû s'en douter ; planquée au fond des toilettes, une fille prend des photos. Étrange pub collée au mur... On en pisse partout. La classe ! Jean mouillé, on bouge vite fait. On laisse un condom en guise de monnaie pour les cafés... On aurait aimé payer en nature... On était venus se rincer les yeux à la vue des galeries street art and co mais rien trouvé de quoi retirer la cataracte de l'art contemporain...qui nous aveugle définitivement...
On préfère aller s’éclaircir la vue sur les docs ou à la gare où là, l'art est désaffecté, désinfecté du cerveau conformiste d'une création rentable et bien pensante.
On arrive jamais à la gare, en suivant des roms à gros paquets, en se demandant où ils vont décharger tout leur merdier...
On finit sur une grande place mi couverte où, dans les ruelles attenantes, un flot de vieilleries et autres fringues se déchargent de partout. Grosses bâches, godasses, pulls tricotés maison, jupes à fleurs à faire pâlir une tapisserie 70'S... Du bonheur à moins de 2 euro les trois articles, les fourrures en peau d'ours pétrolières pur léopard s'échangent à 4 euro après négociation... Ça sent la sur taxe d’aéroport. Faudra des bagages en soute... C'est parti pour... On hésite à en prendre 2... On repart avec 3 pour le même prix, sourire en prime ! Faut pas croire, c'est pas parce qu'on fait une pose café qu'on renonce à cramer les quelques pièces qui nous restent et qui valent 50 euro de sur taxe à l’aéroport...!
Envie de grignoter une connerie. On se pose en terrasse, le lait fait chaud au jean... A poil dans les WC, c'est le moment de gloire du vieux froc déniché il y a 2 secondes sur le tas de merde à 50 centimes. Il nous va comme un sac ! Mais top tendance ! Ça attire tous les regards à la sortie des chiottes... Pas évident d’être à la mode !...
On repart en tramway, mais en se tenant à l 'arrière sur le marche pied... C'est casse gueule mais l'économie en vaut la chandelle, si on y laisse pas une jambe... 
Sur la place, on y croise des vieux en promenade avec leur chien traumatisé à force de compenser le manque de petit enfants des vieux. Habillés, bercés, les clebs se retiennent de pas les défigurer... mais trop abrutis par les bisous des vieux, ils grognent juste... Un encore plus dingue le balade en vélo dans son panier, fier comme s'il sortait avec sa bonne amie...
A la boulangerie, on croise, de bon matin, d'autres qui voyagent. Ça sent le chien mouillé. On se renifle le cul du regard, marque son territoire d'un grognement en guise de salutation... Vont se cacher au fond du salon de thé, espèce de cuisine qui se donne des airs de grand par le nom, pour justifier les prix du moindre sachet d'herbe relaxante trempée à l'eau javellisée...


De la fenêtre, il pleut des miettes sur les gens qui passent trois étages plus bas. C'est du pur beurre et ils gueulent quand même, les bougres, alors que c'est pas de la biscotte qu'on leur balance dans les tifs...
On descend pour aller saluer le bon dieu qui fait son brunch façon détox minimale pain azyme, s'il vous plaît ?! Quoi, on peu pas avoir de rab ?...Si, si, d'eau bénite zéro calorie garantie....On finit la grâce mâtinée avec petit chant mélodique, mais il y a un pervers qui empêche vraiment de bien se reposer en faisant asseoir et lever tout le monde à intervalle régulier... On ronfle, c'est pour ça !... Pour ceux qui dormaient vraiment, les cloches manquent d’écrouler le lieu... Oust oust ! Tout le monde est mis dehors...
Toute la ruelle a mis son linge sous les rayons du soleil qui cherche a percer les nuages Ça pendouille de partout. Les fenêtres gerbent la lessive du week-end. Ça et des serpillières gouttent sur les trucs du dessous. Ça lave à grande eau de partout, du sol aux dessous de bras.
Les mioches croupissent dans le savon des baignoires. On entend leur braillement qui veut encore de l'eau chaude et les fesses qui claquent pour les sortir de là...
La vaisselle tinte dans le fracas des poubelles à verre. Le week-end amorce sa fin. On se fait propre, on range pour repartir le lundi. Venus transpirer des aisselles dans le métro surchauffé, crasseux de ses clochards, essayé dans un cocktail de déo de raser la misère qui, elle, n'a pas de week-end, garde sa crasse à longueur d'année... On fait pas notre lessive car le week-end n'a pas d’emprise sur nous, ni les clochards car le métro du chemin du travail n'a pas notre photo maton. On fera prendre l'eau à nos sous vêtements lundi. Pour l'instant, ils prennent l'air, loin, loin... On les a oublié en tas au coin du canapé...
Les briques de verres, ça déforme les corps mais quand même, on voit bien que c'est pas Maïté qui prend l'eau derrière. On s'est déjà lavé? Ça donne envie d'y retourner...
de faire glisser le savon comme un bobsleigh sur la piste de glace, à fond dans les courbes improbables... mais il y a que du gel douche.
Ici, la vrai star, c'est elle, avec sa couronne et ses oiseaux tout de plastique. Debout, les mains serrées, elle attend sagement, prie le bon dieu pour qu'on la sorte de là, d'entre les canettes de bières et les sodas, qu'on lui retire du front l'étiquette solde, qu'on prête un peu d'attention à la poussière qui lui sert de Manteau...
Mais pas moyen ! Si on en prend une, ça fera des jalouses. Rien que là au milieu des laitues, pq et autre, le pakistanais en a une dizaine en stock, alignées en rang d'oignons. Sûr, si on en retire une, tout se casse la gueule... On lui fait un clin d'oeil discret. Sûr, y à la mafia derrière, qui les fait venir par container de Chine...


On aurait pu continuer d'écumer le stock de chips et autres, en sirotant des bières, en refaisant le monde et reluquant les formes de la vie qui défilaient devant nos yeux... mais on a atterri dans une espèce de vieille ruelle qui descend rapidement vers une place, dans un dédale de petites baraques perdues, dans un quartier populo d’immigrés brésiliens. Une petite boutique faite juste d'une petite porte, tout de blanc vêtue, à douce odeur d’encens quasi familière, nous attire dedans... Dans un stock de perles à collier et autres, se trouve ça et là, de la verroterie comme pour planquer le vrai trésor que nos yeux pas dupes trouvèrent vite... C’était pas comme on aurait pu y croire. Les deux vendeuses qui tenaient la boutique et qui étaient fort sympathiques... non ..mais de vieilles bougies cachées qui coupèrent, 5 minutes, le flot de conneries qu'on disait. Absorbés, médusés devant ce que l'on voyait, fascinés, on osait à peine y toucher par peur d'y trouver ce que l'on cherchait depuis toujours...

Le vrai truc qui fait vibrer au très fond de toi, vibrer différemment d'un joli cul qui te regarde dans le blanc des yeux même si c'est pas loin...
Il y en avait tant, de toutes les formes étranges, empaquetées comme de vulgaires trucs de super marché, avec leur notice explicative... Une vierge côtoyait un autre saint emmailloté avec ses bougies et sa fiche technique, parfois agrémenté d’encens ou d'une médaille et de l'huile magique pouvait l'accompagner. Le tout sous blister... C'est kitsch, magique et si émouvant à la fois. Ces grosses bougies, pleines de graines aux couleurs improbables, ornées en leur cœur d'un crucifix. Le tout béni et consacré... On en resta trois plombes à regarder tout ça, à les toucher ; Yémenja particulièrement... La déesse de la mer, de l'amour, nous scotcha longtemps. Elle était superbe malgré le film rétractable qui la défigurait... On en oubliais de mater le reste de la boutique. Oui, tout tout le reste... Pourtant, y avait de quoi...

On en repartit sans pouvoir emporter quoi que ce soit. Les fonds de poche avaient juste permis de gratter un peu d’encens et une graine magique qu'on nous a dit... Et ça, nous on y croit dur comme notre bite le matin...
C'était une putain de journée ! Un truc de bab à Katmandou ! On fait trois pâtés de maisons, se calent dans un petit resto pour se remettre les idées en place avec de la bière... Normalement, ça marche. Mais après les pieuvres frites avec les patates quand on attend le dijo, une vieille, style gotique mais version gay pride, qui était au bar en train de soutenir avec ferveur les vignerons du coin à renfort de pichets de rosé...fait tombé un cercueil siglé Louis Vuitton, un jeu de cartes étrange... Les doigts forcément pleins de gras avec les frites mais notre cœur sur la main, on lui englue son jeu entre la sauce et le reste. Heureuse de l'intention, elle nous remercie du geste en s'attablant avec nous, rapportant du coup son pichet pour qu'on l'aide dans le soutien aux vinerons... On sympathise et finit par tirer...les cartes …
C'est quasi une sorcière avec qui on s'est acoquinés. Putain, mais d'où elle sort tout ça sur nous !? Sûr, elle est des RG. Peut pas savoir tout ça sur nous sans ce plan-là !... On veut pas en savoir plus. Ça fait flipper tout ça !.. On part à fond la caisse qu'on finit paumés dans un quartier de bourges. Ça parcoure des bornes et des bornes qu'on sait plus si on est là ou là sur la carte qui ressemble plus à un parchemin qu'autre chose. On se bousille les yeux à scruter le bordel qu'on en oublie l'entourage... On se fait accoster par un drôle de sdf tout juste recousu de la vieille, qui se balade avec son clebs à moitié à vivre dans la rue... Nous accoste ultra près et nous parle de tout plein de trucs mystiques à fond la caisse, nous parle du Brésil !... Encore ? Mais putain, c'est quoi cette journée de marteau !?... Juré, on s'est pas drogué, ni rien ou pas trop picolé...pas plus que les autres jours putain... Le mec finit par se calmer, nous sert la main en redisant quasi la même chose que la sorcière... et qu'on doit aller par là pour rentrer chez nous...

On s'interroge avec tout ça. Vers quoi on va là ?... On se pose au parc. Faut bien ça pour se reposer de toutes ces émotions...
On se dit, en regardant dans le parc, ça et là, que quand t’es jeune, ça le fait de se balader avec un gros appareil photo. Tu peux accoster les minettes et les faire poser même sans rien savoir faire. En deux clics, tu les emballes style artistique et leur proposes une séance retouche photos à la maison... Elles ont déjà craqué... C'est dans la poche ! On est pas dans ça... On prend des photos avec le portable. Ça fait moins rêver... On se rentre à l'appart'. En hâte, on se demande ce qu'on va trouver sur le chemin après tout ces trucs mystiques... Dernier jour avant de partir mais quel jour !
On prend du pain, de quoi faire une bonne soupe revigorante... avec tout ces émotions... pas durex mais la marque locale qui est sous membrée ; elle garrotte la bestiole et lui fait comme un col roulé à la tête... et elle aime pas bien la connerie ; ça la stress... si elle perd son bonnet...
Soupe de fécule de pommes de terre à fond qu'on pourrait tapisser une chambre avec tout ça... On finit le stock de vin, de gâteaux apéro.. On colle le son à fond, minimale do Brazil oblige ! C'est reparti ! On sort pas ce soir ; pas envie de rencontrer d' autres farfelus... On remportera pas les durex qui en sont pas... C'est périssable... Enfin on croit... ...
Réveillés dans la brume minimale from Berlin,...le petit dej' sous le brouillard des rencontres d'hier... mais sur notre toit terrasse quand même !... Ça sent le retour... Nettoyage intégral de tout l'appartement, écrasage des valises pour cause de sur taxe..., poubéllage du reste ; on veut pas leur donner plus de sous à Easy Jet !... Putain, c'est fou toutes les conneries qu'on peut trouver en se baladant dans les ruelles...mais le plus lourd est dans nos têtes...même si ça c'est résumé en quelques mots d'un vieux qu'on connaît pas...



Pour finir les thunes, petit resto chez les papys du midi, ultime ballade de nos restes de vie du moment à la case recyclage & poubelle... On finit le sac de riz en le balançant aux pigeons qui chient partout du coup, sur le toit des voisins... On en balance plein plein. Il y a une tapée de pigeons ! Ça en ferait un festin de roi farcis avec des patates !... Ultime lavage des dents du fond... On balance tout à la poubelle pour alléger les bagages... On se colle deux pulls sur le dos, la plus grosse paire de chaussettes... Faut gagner de la place !...
Go c'est parti !... On est bientôt de retour..


























Tout est si différent des expériences des autres vécus dans cette dimension....
Les souvenirs ne sont que de bien pales copies de ce qu'est réellement le corps... et pourtant il faudra, on le sait, le transcender dans l'ultime passage dans l'ici-bas pour passer à la dimension du dessus. Ne rien regretter ou projeter, ne pas vouloir revenir quand cela sera fini... car l'échec serait irrattrapable... Il y a des témoignages de cela des rescapés perdus qui errent en bas sans pouvoir, au final, être de matière..., qui s'obstine à vouloir être ce qui est fini..., qui n'accepte pas d'être autre et la finalité de l'expérience...




Y arrivera t-on nous même à ne faire qu'un, à être l'atome initial, à ne pas se perdre... et à retrouver la lumière qui nous rapprochera de la pensée pure ?...









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